Michèle Clément

Dans le cadre du festival AFICTIONADOS, l’université de Nîmes reçoit Michèle Clément, spécialiste de la Renaissance, qui viendra présenter son futur livre portant sur la notion de « culture commune« .

Un des Songes drolatiques de Pantagruel  (120 gravures publiées en 1565 et attribuées faussement à Rabelais)

 

Culture commune à la Renaissance ?

A côté de l’idée de la culture servant de principe de distinction et de redéfinition des élites européennes à la Renaissance, on peut tenter de partir à la recherche d’une culture partagée où se nourrissent mutuellement culture savante et culture non savante. On a dit que la culture affirme et reconduit la « distinction » (Bourdieu), on dit moins que la culture est un agent d’infiltration dans les étanchéités sociales, pourtant plus fortes encore dans l’Ancien Régime qu’aujourd’hui. Certaines thèses au XXe siècle ont tenté de montrer ou bien la dé-hiérarchisation des objets de culture (B. Lahire et la sociologie française post-bourdieusienne) ou bien la légitimité d’objets culturels a priori méprisés (Cultural Studies). Ce n’est pas de cela qu’il s’agit ici mais de porosité sociale. Seule la porosité sociale permet de faire une « communauté imaginée », c’est-à-dire un peuple, permet de percevoir l’esquisse d’un peuple qui existerait de partager une mémoire, un patrimoine, des chants, des jeux, des rites… Ce « peuple », s’il est au présent un fantasme agité par les politiques, un peuple qui toujours manque, peut-être est-il perceptible dans le passé, dans les traces que le passé a laissées ?

 

 Michèle Clément est professeure à l’Université Lyon 2. Elle enseigne et étudie la littérature française de la Renaissance. Ses premiers travaux ont porté sur l’écriture baroque (Une Poétique de crise : poètes baroques et mystiques (1570-1660, 1996). Elle a publié, en 2005, un livre sur Le Cynisme à la Renaissance, édité trois poètes de la Renaissance : Marguerite de Navarre (2001), Jacques Grévin (2001) et Maurice Scève (2013 et 2019). Ses travaux portent aujourd’hui sur l’humanisme lyonnais, sur l’histoire du livre (Privilèges d’auteurs et d’autrices en France (XVIe-XVIIe siècle), en collaboration avec Edwige Keller-Rahbé, 2017) et sur l’histoire des écrits de femmes à la Renaissance.